:"W2" : six anciens ouvriers niortais sur scène

Le spectacle "W2" réunit sur scène six anciens ouvriers niortais. Rencontre avec Didier Ruiz.

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Programmé dans le cadre de l'opération "Mémoires ouvrières - Fabriqué à Niort", le spectacle "W2" réunit sur scène six anciens ouvriers niortais. A une semaine de la première, rencontre avec le metteur en scène Didier Ruiz.

  • Comment avez-vous travaillé avec les six anciens ouvriers ?

Didier Ruiz : "Je les ai rencontrés individuellement, chacun trois fois. Les rendez-vous se passent très simplement, autour d’une table. J’ai un cahier et je prends des notes en fonction de ce qu’ils me racontent. Les entretiens durent entre une heure et une heure et quart. Ce qui m’intéresse, c’est qu’ils soient très précis et qu’ils restent sur le « je » : pas de « à l’époque » ou de « nous »…"

  • Quand les avez-vous réunis ? Une fois cette série d'entretiens achevée ?

Didier Ruiz : "Absolument. Ils s’étaient rencontrés une première fois au moment du lancement du projet. Et ils se sont retrouvés pour les répétitions qui ont démarré cette semaine. Au total, nous allons répéter huit fois deux heures."

  • Comment se déroulent ces répétitions ?

Didier Ruiz : "Le discours n’est pas répété, puisque la répétition tue la fraîcheur et la spontanéité. Ce que l’on répète, c’est la mise en place, l’ordre dans lequel ils interviennent."

  • A partir de ces récits, comment allez-vous construire le spectacle ?

Didier Ruiz : "Ce travail commence à peine. On a mis tout à plat, on a ouvert les sacs et les boîtes et on a tout posé sur la table. A ce stade, on se dit : il y a beaucoup trop de matière, il va falloir en enlever et choisir les morceaux que l'on veut garder. On choisit non pas en fonction de la qualité, mais de la façon dont on veut raconter les choses. A partir de l’intime, on raconte l’universel bien évidemment. C’est l’histoire de l’infarctus de Paul, où tous les salariés signent pour qu’il reste dans l’entreprise, sauf le directeur. De qui parle-t-on ? De Paul ou d’une humanité bienveillante ?"

  • En final, rien ne sera écrit ?

Didier Ruiz : "Non rien, si ce n’est la conduite qui tient en une page, avec des titres d’histoire en deux mots. La parole est libre et leur appartient toujours. C’est sans filet et ça ne peut pas être autrement."

  • Ce n’est pas la première fois que vous vous lancez dans ce type de projet : avant «W2», il y a eu «W» à Saint-Ouen en novembre 2012. C’est un pari risqué de travailler avec des comédiens qui n'en sont pas. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette aventure ?

Didier Ruiz : "Peut-être le risque justement, qui est un élément moteur. Mon angoisse, c’est qu’il n’y ait pas suffisamment de matière. C’est pourquoi au début, je les mitraille de questions !"

  • Ce qui vous intéresse aussi, c’est la trace, le souvenir…

Didier Ruiz : "Bien-sûr. C’est le cœur du travail que je mène avec la Compagnie des Hommes. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il reste, pour eux et pour nous : comment la mémoire des autres entretient la nôtre, comment ça résonne en nous, travailleurs adultes. Cette trace-là nous concerne, nous construit, non pas parce qu’elle nous renvoie à une histoire qui n’existe plus, mais parce qu'elle nous fait réfléchir à celle que nous pourrions laisser."

  • Dans quel état d’esprit êtes-vous à une semaine de la première ?

Didier Ruiz : "Je suis confiant. C’est un groupe étonnant. Ils ont tous extraordinairement et rapidement capté le sens du projet."

 Propos recueillis
par Sylvie Méaille
(7 février 2013)

  • "W2"  au Patronage laïque, le vendredi 15 février à 20h30, les samedi 16 et dimanche 17 février à 15h. Entrée gratuite sur réservation au 05.49.78.73.82