:La Chaloupe, une histoire partie de presque rien...

La Chaloupe fête ses 30 ans. Joël Picard et Alain Fritsch portent un regard sur le chemin parcouru.

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La Chaloupe fête ses 30 ans ! L'occasion pour Joël Picard et Alain Fritsch, les co-fondateurs de la compagnie théatrale, de porter un regard sur le chemin parcouru.

  • Comment est née la Compagnie La Chaloupe ?

Joël Picard : "C’est l’histoire de deux gamins de Mauzé, moi j’avais 17 ans et Alain environ 12 ans. On avait monté une maison des jeunes et pour faire vivre les activités, il nous fallait de l’argent. Donc avec les copains, nous avons organisé des spectacles, des cabarets et le public a répondu présent. Avec ce que cela nous rapportait, on pouvait financer les activités kayak, volley et autres loisirs. Au départ, c’est vrai, nous n’étions pas forcément attirés par le théâtre, mais petit à petit, nous nous sommes pris au jeu. Nous vivions des moments très forts et je pense que cela nous a marqué à jamais."

Alain Fritsch : "Ensuite, notre vie professionnelle nous a un peu séparés et éloignés de Mauzé, du théâtre et des copains. Nous étions animateurs tous les deux, moi à Chef-Boutonne, Joël à Niort. On travaillait le week-end, mais tous les lundis on se retrouvait pour des parties de tennis. Et puis un jour, on s’est dit qu’on pouvait très bien remplacer le tennis par le théâtre. D’ailleurs ce moment de notre vie donnera naissance à notre premier spectacle « Partie de rien ».  En 1983, le théâtre de la Chaloupe était lancé et en 1987 devenait professionnel. Nous avons démissionné de nos postes pour nous lancer dans cette grande aventure.  L’envie de travailler avec des amateurs est venue très vite."

  • Qu’est-ce qui vous motivait ?

Joël Picard : "Certainement pas les Césars ou les Molières, ça ce n’est pas notre trip ! Ce n’est pas le but du jeu. Mais pour en revenir à nos débuts, quand on a fait le pas de la professionnalisation, il y a eu des moments de doute. C’est vrai, c’était l’inconnu. D’ailleurs, je me souviens, la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) nous avait un peu découragés. Du coup, nous, ça nous a encouragé ! Notre envie de faire quelque chose était la plus forte ! Donc au début, nous avons commencé avec un atelier, « un rafiot » et ça marchait plutôt bien. « Le grenier de la classe », par exemple, a été joué plus de 400 fois ! Ce n’est pas rien. Les projets devenaient de plus en plus nombreux. Le nombre d’ateliers, adultes et enfants a rapidement augmenté. On a eu le désir de faire entrer des comédiens professionnels dans la compagnie. Pour travailler avec les ateliers amateurs mais également pour des spectacles. Ainsi par exemple, Cloé Martin, Jean-Pierre Pouvreau, Nicolas Beauvillain nous ont rejoints sur des missions particulières, des créations. Ce désir d’ouverture, cette pépinière de gens qui nous entourent, qu’ils soient professionnels ou amateurs, cela fait grandir la compagnie, cela lui donne une vraie richesse. Ce qui nous motivait au début, et nous motive toujours, c’est l’idée de la transmission, du partage…
Si on a pu donner envie de faire du théâtre à tous ces gens qu’on a côtoyés, c’est une grande réussite !"

  • Quelle est votre démarche aujourd’hui ?

Alain Fritsch : "Elle n’a pas changé ! Transmettre, éduquer, partager ! Si on n’avait pas cette démarche à la Chaloupe aujourd’hui, je crois que Joël et moi, nous nous  sentirions orphelins de quelque chose. La culture, si elle n’est pas véhiculée par l’éducation populaire, ça ne peut pas fonctionner. La culture qui se limite à une grande scène, un grand musée à visiter, ce n’est pas suffisant. Il faut que derrière, il y ait une sorte de relais, des passeurs… Il n’y en a pas assez qui le font, ça vient mais cela a été long."

Joël Picard : "C’est vrai qu’à l’époque on était un peu des Martiens !" (rires)

  • Des projets ?

Joël Picard : "Continuer plus que jamais ce travail auprès du milieu amateur mais également aller à la rencontre du public dans les quartiers, dans les écoles, dans des lieux différents pour casser la routine. Et puis on va réintégrer nos locaux, chemin du Côteau de Ribray au mois de juillet. Il y aura des actions vraiment sympas à faire dans ce nouveau lieu. Nous aurons une salle de diffusion pour accueillir du public, environ 35 à 40 personnes. La compagnie compte aujourd’hui 9 rafiots, ce qui représente environ 130 adhérents. Bien sûr cela pourrait évoluer mais c’est une question de capacité, d’horaires, on réfléchit à des possibilités. La semaine prochaine, on fête nos 30 ans à la ferme de Chey. Un grand moment festif et convivial où les amateurs seront à l’honneur. On espère un public très nombreux car à priori il y aura de belles surprises. Je ne vous en dis pas plus…"

Propos recueillis par Sylvie Tapon
(Le 24 mai 2013)