Jeannine Berthouin avait 18 ans le 7 juin 1944 et logeait avec sa famille rue de l’Yser à Niort lorsque les avions alliés larguent 230 bombes sur la gare. En quelques minutes, le feu s’abat : « Tout a été très rapide. Une succession de bruits assourdissants et les réflexes de survie. Je revois mon frère se réfugier sous la table et moi me coller dans l’espace entre l’armoire et le mur. Puis le silence, un silence de mort. Je me rappellerai toujours de la cage de nos 2 tourterelles éventrée par une pierre. Elles n’avaient pas bougé et nous regardaient avec calme... Contrairement à d’autres, notre immeuble était encore debout. Une fumée très épaisse a envahi l’appartement et nous avons cru que c’était la fin. Impossible de respirer correctement, nous sommes sortis et avons pris l’ampleur du désastre : immeubles éventrés, voisins hagards errant dans les ruines et une odeur âcre de brûlé. Par peur, ma mère nous a confiés ensuite à notre marraine à Surimeau où nous avons passé plusieurs mois. Je resterai marquée à jamais par l’enterrement de tous ceux et toutes celles que je connaissais personnellement. De ces années d’Occupation, je garderai aussi des images plus heureuses comme le départ des Allemands fin août 44 et surtout la grande fête populaire de la libération de la Ville sur la Brèche. »