C’est autour de la conception du prochain livre d’or de la ville de Niort que nous avons rencontré Willy Stevens, le patron de Laurige. Petite causerie détendue autour des voyages, du cuir, de la Covid et de la conquête de l’Asie…
Si vous lui demandez d’où il vient, il vous répondra de nulle part et que cela n’a pas beaucoup d’importance. Car Mr Stevens (ou Stevenson pour l’appétence aux voyages) aime bourlinguer. Un goût du voyage démarré très jeune avec un papa militaire. À 25 ans, il devient opticien, mais comprend vite que cela ne lui ressemble pas et cherche un autre métier à apprendre rapidement. Une cordonnerie en vente à Clermont-Ferrand sera son nouveau challenge. Mais ne s’improvise pas cordonnier qui veut et c’est après avoir martyrisé l’ensemble des chaussures familiales qu’il se fait la main (ou le pied, c’est selon). Formé dans un grand atelier à Lyon qui fournit des marques prestigieuses comme Hermès, il ouvre sa première entreprise de maroquinerie, toujours à Clermont-Ferrand.
Vous l’aurez compris, Willy Stevens n’a pas les deux pieds dans le même sabot. Arrivé en Deux-Sèvres et après avoir travaillé pour Ted Lapidus ou Morabito, il prend les rênes, avec son associé Christian Baudouin, de l’entreprise Laurige. Depuis 1950, cette entreprise de 25 personnes crée et fabrique des articles de maroquinerie, mais est surtout connue et reconnue pour ses parures de bureau que l’on retrouve jusqu’au Sénat. C’est d’ailleurs à ce titre que Laurige a été labellisée "Entreprise du patrimoine vivant" en 2008.
Néanmoins, la gamme s’est largement diversifiée depuis avec des objets plutôt colorés de voyage ou de travail (mallettes, sacs à main, portefeuille, etc..). Un savoir-faire artisanal et local qui a convaincu la mairie de lui confier la réalisation du nouveau livre d’or de la ville de Niort. Un ouvrage symbolique de 300 pages, conçu de A à Z par l’entreprise en respectant les techniques traditionnelles : choix du papier, du format, de la peau et bien sûr de la première de couverture avec les armoiries de la cité. De la belle ouvrage pour recevoir les témoignages des futures personnalités politiques ou culturelles qui passeront par Niort.
Comme beaucoup, Laurige traverse une période difficile avec la crise de la Covid, mais Willy Stevens a, comme beaucoup d’autres, privilégié la vente sur internet. Le site a été développé et rajeuni par de jeunes webmasters et les ventes en e-commerce ont décollé. Un nouveau site est en cours de création et sera entièrement dédié aux réalisations “made in France“ confectionnées dans l’atelier de Chauray.
Grand voyageur, nous l’avons dit, Willy Stevens connaît bien l’Asie. C’est d’ailleurs en Indonésie, où l’on trouve les plus belles tanneries, qu’il a décidé de s’implanter. S’implanter, le mot est d’importance, puisque Laurige y possède désormais une tannerie et quatre boutiques. C’est Willy Stevens qui a personnellement formé sa première équipe de sept personnes par d’incessants allers-retours. Implantation réussie puisque Laurige vient de remporter un important marché avec Airbus. Comme quoi, une chaussure peut vous emmener très loin.