Interviewer un journaliste n’est pas chose aisée tant le professionnel vous voit venir de loin avec vos questions carrées. Emmanuel Touron déroge à la règle, car il vous entraîne immédiatement dans son univers fait de lumières, de peinture et d’humilité où la contemplation devient une arme de création massive
Né à Poitiers, mais Niortais d’adoption et de cœur, Emmanuel Touron est un journaliste (re)connu de la presse quotidienne régionale. Tout gosse, il en rêvait déjà et il fait de son rêve une réalité en 1994. Notons qu’il faillit même devenir notaire, une anecdote qui le fait encore sourire aujourd’hui, lui et tous ceux qui le connaissent de près ou de loin.
Emmanuel porte une double casquette, puisqu’il est aussi un artiste, terme qu’il récuse préférant se voir comme un « gars qui aime dessiner ». Tout jeune il se met à croquer son environnement, en dilettante. Un moment où il ne pense plus à rien. De fil en aiguille, il se réveille ou se révèle en artiste, c’est selon. Il troque les crayons pour le pinceau par besoin de couleur et passe aux aquarelles. Croqueur, peintre, dessinateur, contemplateur et amateur d’architecture des années 50 et 60, la palette est large et l’œil est vif. Ce qu’il aime, Emmanuel, c’est embellir sans travestir, et donner à voir ses interprétations des rues et des lieux. Ce qui le guide, c’est la lumière. Comprenez que la lumière fait partie intégrante de sa vision des choses, des endroits ou des situations. Là où vous voyez une simple rue, lui peut y voir autre chose située dans un ailleurs. Il prend en photo au hasard de ses reportages ou de ses balades des lieux, puis s’en empare sur sa table à dessin. Alterner la rigueur de l’écriture journalistique (un fait est un fait) et l’œil de l’artiste (un fait n’en est peut-être pas un…) est un exercice auquel il se confronte quotidiennement depuis plus d’une vingtaine d’années.
L’idée de réaliser un ouvrage germe peu à peu, mais il mettra du temps à se décider, car même s’il est perfectionniste, Emmanuel ne pense pas que ses créations méritent une surexposition (encore une fois une question de lumière…). Malgré ce « syndrome de l’usurpateur », Niort, lignes claires voit le jour en 2021 et vous met des palettes dans les yeux. Des aquarelles à base d’encre de Chine, de gouache, de brou de noix ou de gravure, magnifient la vieille cité. Emmanuel Denis-Touron (sa signature d’artiste) y livre sa vision d’une ville qu’il a quadrillée avec endurance. Le style a évolué et nous entraîne dans l’univers de la BD dont il est féru. Une vraie (re)découverte de la ville.
L’actualité d’Emmanuel ne s’arrête pas là puisqu’il inaugurera la salle d’exposition du Séchoir, à Port Boinot, durant les deux mois d’été. Une douzaine de ses aquarelles seront présentées en format XXL, leur donnant une autre vie.
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