:Le papa du Grand Feu

Le Grand Feu fête ses 35 ans. Rencontre avec Jacques Brunet, son fondateur qui a créé cinq autres centres en France.

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Cette année-là, Claude François cessait de chanter, le naufrage de l’Amoco Cadix défigurait les côtes de Bretagne et Les Bronzés déridaient les Français…
Le 30 mai 1978, le centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle Le Grand Feu ouvrait ses portes.  Le 13 septembre dernier, il célébrait avec émotion ses 35 ans.

Les patients, les membres du personnel et ceux du conseil d’administration découvraient ce jour-là le livre Le Grand Feu. Sous la plume de Laurent Féron, le directeur, ce bel album donne la parole à tous ceux qui, de son origine à maintenant, contribuent à la vie de l’établissement .

Parmi les invités à la fête, ceux qui ont porté le projet et accompagné ses premiers pas : les premiers dirigeants et cadres de santé, le premier médecin chef, Pierre Desvignes, ses fondateurs, Jacques Vandier et bien sûr Jacques Brunet, « le papa » : 77 ans dont 35 consacrés à la création de centres de rééducation, en parallèle de son activité professionnelle à la Macif.  Le Niortais, qui vit maintenant  en Catalogne, raconte volontiers son combat de toute une vie. Morceaux choisis.
L’origine :
J’ai eu des motivations personnelles, parce qu’après mon accident, je suis allé dans un super centre pour cadres, où j’ai récupéré.  Je me suis rééduqué 4 heures par jour. (…) Je voulais absolument rejouer au tennis, c’était mon équilibre. Quand j’ai quitté le centre, j’ai recommencé à jouer avec une raquette dans la main droite et une canne dans la main gauche.  Cette volonté, je l’ai exprimée également dans ma volonté de faire un centre de rééducation. Car j’ai retrouvé mes amis de la douleur aussi handicapés qu’à mon départ.
Ils étaient jeunes, ils avaient 19, 20 ou 25 ans. Je me suis dit « il faut faire quelque chose ». Parce que moi, j’ai profité d’un établissement de soins adapté et eux pas.


Premières démarches
Je lance le projet. Je dis à tous les gens que je rencontre, je ne citerai pas de noms : « Il faut faire un centre de rééducation fonctionnelle à Niort.»  Et on me répond : « M. Brunet, ne perdez pas votre temps. On est dans une ville socialiste, vous n’aurez jamais l’autorisation d’un gouvernement de droite. » Je l’ai entendu au moins dix fois.

« J’ai fait 6 centres »
J’ai créé 6 centres. C’était une mission complémentaire à mon activité professionnelle parce que je n’ai jamais quitté la Macif. Je n’ai pas pris de congés pendant 35 ans. Un dossier de création comme Lille par exemple, ça  demande 6 ans de privation de loisirs, de démarches au ministère, de voyages pour le choix des équipements.  Après le Grand Feu, j’ai fait Lille (en 1985), Roullet Saint Estèphe (en 1992), Noth dans la Creuse (en 1995).
Et je me suis associé à deux autres créations : le centre de Ménucourt, à Cergy-Pontoise, et le centre de la Convention, dans le 15e arrondissement.

Conseiller de Claude Evin
Je suis allé voir tous les ministres de la santé. Mon premier, c’était Robert Boulin. Je ne sais pas demander pour moi, mais si je plaide pour les autres, pas de problème. (…)  J’ai fait beaucoup de médecine pour ne pas avoir l’air d’un idiot. Quand vous allez voir un ministre ou un conseiller technique, il faut résumer les pathologies, les soins…  La rééducation n’était pas inscrite dans la carte sanitaire à l’époque. C’était la convalescence. J’ai dû réformer la carte sanitaire, quand j’étais conseiller technique de Claude Evin.

Et maintenant ?
Ce qui me rassure, c’est que ma succession est assurée. J’ai été 35 ans sans manquer un seul conseil d’administration. A un moment, il faut passer la main. Je compte sur Patrick Giraud, le nouveau président, pour que l’identité du Grand Feu reste intacte (…) Je vis maintenant dans un pays où personne ne me connaît. Alors que je suis certainement un des Français les plus décorés de France en tant que civil…Je suis bien en Catalogne. Maintenant je m’isole et je vais aussi écrire un bouquin.

Quelques dates
28 novembre 1965 : Jacques Brunet est victime d’un grave accident, il y perd sa femme et sa fille.
1970 : Il crée l’Anuar, Association nationale des usagers et accidentés de la route.
5 avril 1973 : Délivrance de l’autorisation pour la création d’un centre de rééducation fonctionnelle à Niort : son acte de naissance administratif.
30 mai 1978 : Ouverture du Grand Feu.
1er janvier 2013 : Alliance du Grand Feu, des Genêts et du Logis des Francs au sein du groupe Melioris, groupe privé à but non lucratif de 310 lits et 450 salariés.

Le Grand Feu en chiffres
50 000 patients accueillis en 35 ans
210 salariés en 2013
48 professions , dont 18 spécialités médicales

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