Le 5 octobre dernier, Claire Quertain est sortie des trois heures de soutenance de sa thèse, épuisée, mais heureuse. « Je ne pensais pas aller si loin quand j’ai commencé mes études, reconnaît-elle. Ni même quand je me suis inscrite en Master droit des assurances au Pôle universitaire de Niort. »
Son bac Économie et social en poche, elle a choisi la filière du droit privé presque par hasard, « parce qu’un copain m’a dit que c’était intéressant ». À l’université de Poitiers, elle découvre le droit des assurances, « un droit qui colle à la pratique, on voyait concrètement sur quoi débouchait ce qu’on nous enseignait. » Et c’est avec cette même envie d’être en prise directe avec le terrain qu’elle choisit de continuer au Pôle universitaire de Niort : « parce qu’on pouvait préparer le Master en alternance pendant la deuxième année et que c’est la meilleure façon d’intégrer le monde du travail. »
Ce doctorat qu’elle a obtenu avec la mention « Très honorable », elle n’y aurait jamais pensé si ses professeurs ne lui avaient parlé du dispositif CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche) qui permet de préparer une thèse en étant salarié d’une entreprise. « J’ai pensé que cela pourrait m’ouvrir des portes. Je travaillais alors à la MAAF, qui m’avait proposé un poste suite à mon apprentissage. J’ai soumis l’idée et finalement, c’est COVEA, le groupe auquel appartiennent MAAF, GMF et MMA, qui m’a accueillie au sein de sa direction juridique ». La convention couvre trois ans ; Claire prendra une année supplémentaire pour peaufiner sa thèse qui porte sur une nouvelle directive européenne concernant la distribution d’assurances. « Il s’agissait de mesurer l’impact de cette directive et d’en assurer la mise en œuvre. Les règlements permettant son application sortaient au fil de l’eau, parfois sous forme de projets en anglais : le terrain était donc mouvant, mais c’était passionnant d’être au cœur d’un dispositif de cette ampleur. »
Soutenue par sa famille et ses directeurs de thèse, elle n’a jamais cédé à la fatigue ni au découragement. « Je m’investissais pleinement dans mon travail chez COVEA et parallèlement je préparais ma thèse le soir, le week-end et les vacances. Je n’ai pas arrêté pendant quatre ans. »
Claire est toujours chez COVEA, à la Direction de Conformité. Elle s’est aussi vu proposer récemment de rédiger des articles pour une revue juridique. Le premier sortira en janvier 2021. Cependant, elle avoue avoir du mal à se projeter. « Ma génération imagine difficilement dérouler sa vie professionnelle dans un seul emploi ou une seule entreprise. Mes parents, venus de la région parisienne à ma naissance pour s’installer à Niort, m’ont donné cet exemple de souplesse : chaque fois qu’ils en ont senti le besoin ou l’envie, ils ont changé de métier. Je pourrais très bien, un jour, envisager de travailler dans un tout autre secteur.»