Port Boinot ne s’est pas toujours appelé Port Boinot. Cette appellation qui fait référence à la Cale du port et à la dernière chamoiserie implantée sur ce site interpelle Mathilde, généalogiste, dans les premières pages de Port Boinot, journal d’un chercheur, premier roman de Cécile Girardin. Les recherches effectuées par Mathilde sont celles de Cécile, rat d’archives assumée, chercheuse passionnée, amoureuse de sa ville de Niort. C’est elle qui, pendant le confinement du printemps 2020, s’est donné pour défi de remonter l’histoire des lieux encore en chantier.
Dans cet ouvrage, Cécile Girardin a voulu montrer à quel point une recherche est passionnante et immersive et « comment, à pied, à Niort, on peut traverser l’espace et le temps et retrouver des documents qui permettent de reconstituer le passé d’un site comme Port Boinot ». Elle emmène son lecteur aux Archives départementales et municipales, au musée Bernard d’Agesci, à la médiathèque… « Parce que, insiste-t-elle, c’est un leurre de se dire qu’on trouve tout seul ». D’ailleurs, son livre est aussi un hommage à toutes les personnes croisées durant son enquête… Chacun reconnaîtra son double de papier.
Si elle a voulu se frotter au roman pour raconter l’histoire de Port Boinot, Cécile Girardin est restée rigoureuse dans son approche d’historienne. Après des études portées sur l’art roman et un début de parcours professionnel dans la valorisation du patrimoine, elle s’est spécialisée depuis 15 ans dans l’histoire des entreprises. « Les chefs d’entreprises qui me sollicitent veulent transmettre une mémoire, dire qui ils sont. J’ai considéré qu’on pouvait accéder à cette histoire par la porte culturelle. ». Après avoir recueilli la mémoire vive des témoins, elle plonge dans les documents. Puis arrive la phase de rédaction, plus solitaire, où il s’agit de restituer sous forme de livre l’information engrangée, pour rendre, plus qu’un rapport, l’histoire humaine d’une microsociété. « Il y a des énigmes, du suspens : les débuts, toujours passionnants, les phases de développement, les défis, les échecs, et la grande histoire qui se mêle à la petite… » Sa famille le sait : elle vit cette phase de création comme un long dialogue interne, dans une bulle qu’il faut percer le moins possible. À chaque fin de mission, elle est persuadée que c’est la dernière, « tellement c’est fort et puise dans mon énergie ». Mais chaque nouvelle commande la remet en selle et elle n’a pas arrêté depuis le lancement de son activité en 2006. De toute façon, son insatiable curiosité la mènera toujours, avec aussi la ferme certitude que des trésors attendent partout d’être révélés.
Rencontres-dédicaces en septembre le 15 à l’Ombre du vent à 18h30 et le 29 à la Librairie des Halles à 18h.