:Au bonheur des crieurs

Chaque premier samedi du mois, ils sont une douzaine à se relayer pour clamer nos messages dans la ville. Les citoyens crieurs préparent aussi la Saint-Valentin.

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Chaque mois, Christian, Julien, Nicolas et les autres coiffent chapeau, casquette ou béret et portent à pleine voix nos messages aux abords du marché : mots d’amour, de rogne, utilitaires ou poétiques, l’amicale des citoyens crieurs crient tous les messages comme ils sont écrits. Si vous voulez faire entendre le vôtre, déposez-le dans la « boîte à criée » près de la Librairie des Halles.

Pour la semaine de l’amour, la jeune amicale prépare avec l’association niortaise La Colline, qui gère des hébergements d’urgence, une « Criée de l’amour ». Les paroles récoltées auprès des résidentes seront dites lors d’une déambulation des Halles à la Brèche.
« Le message peut être signé ou anonyme. On crie tous ceux  qui ne tombent pas sous le coup de la loi » précise Claude Andrzejewski. Yeux clairs et voix de basse, celui que tout le monde appelle Claudio est devenu crieur public professionnel après avoir été comédien. En 2006, la compagnie régionale Le Sablier lui demande de jouer le crieur à Saint-Herblain, dans la banlieue nantaise. « Une expérience très forte et très difficile, pendant quatre mois» se souvient –il. Il la racontera dans un livre, Le crieur de Saint-Herblain, publié en 2012 aux éditions La Dragonne. En 2007, il quitte les planches. L’ex-comédien devient auxiliaire de vie, entreprend un travail personnel. Puis, lors d’une criée à Arçais, retrouve « une forme de joie ».

Fin 2011, une collaboration s’amorce avec le Centre national des arts de la rue. Claude fait des criées en solo, les samedis au marché. Et commence en mars 2012 à initier des volontaires à cet art oratoire. Les premières séances collectives ont lieu en juin. En septembre naît l’Amicale des citoyens crieurs, qui réunit amateurs et professionnels. Les télés et les journaux les adorent. Après plusieurs articles dans la Nouvelle République, on a vu les crieurs de Niort sur Tf1 fin novembre, sur France 3 en décembre, et entre les deux, sur une pleine page dans le grand quotidien italien La Stampa. La criée est tendance. Claude s’en amuse ; « C’est un peu Don Quichottesque, cette histoire  ; mais on arrive à être pris en compte comme un outil de communication à hauteur d’homme. » Fred Vargas, dans son roman Pars vite et reviens tard, a remis au goût du jour le crieur. « Au-delà, nous sommes dans la longue tradition de l’oralité de la rue. C’est lié dans la mémoire collective aux gardes champêtres, qui sont des crieurs municipaux. Nous, on est au service des citoyens. On est subventionné par la Ville pour cela. » Cette année, d’autres projets sont nés. Des liens se tissent dans les quartiers et ailleurs. Pour Claude, l’amicale des citoyens crieurs est une « belle récompense .  Je suis très heureux de ne plus être seul. Une criée collective, c’est comme un orchestre. »


Pour rencontrer les crieurs

  • Chaque premier samedi du mois au Halles
  • 14 février à 11 h, criée de l’amour déambulatoire au départ des Halles.
  • 23 février  Journée d’initiation à Saint-Florent.

(Le 31 janvier 2013)