Qu’est-ce qui fait courir Daniel ?

Chercheur, historien, auteur.
Par Magali Tardé. Photo : Darri.

Qu’est-ce qui fait courir Daniel Courant ? Le jeu de mots est facile, mais comment ne pas y penser lorsque l’intéressé déroule son agenda, revient sur son dernier ouvrage paru fin 2021, expose les deux ou trois projets à mener en 2022 et nous propulse, l’air de rien, en 2023 sur une esquisse, pas encore tout à fait un projet, mais une idée de livre dont il affine les contours, à laquelle il donne une forme à force d’y penser ? Qu’est-ce qui fait courir Daniel Courant, se demande-t-on aussi, lorsqu’il nous entraîne, le débit rapide et passionné, dans les méandres de l’histoire de Niort avec une érudition qui ne laisse personne en chemin, habitué qu’il est depuis toujours à partager et à transmettre ses connaissances. Choletais d’origine, il est arrivé dans la capitale des Deux-Sèvres en 1982, après des études en histoire et histoire de l’art, une thèse soutenue à Paris-X Nanterre et un détour par le musée de Metz. Christian Gendron, le conservateur des musées de Niort, avec qui il avait fait ses études, cherchait un adjoint. La tâche ne manquait pas avec quatre musées différents à valoriser : le Pilori pour les collections lapidaires et quelques objets précieux, le Donjon, plus ethnographique, les musées des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle. “Les visites guidées des musées ou de la ville prenaient beaucoup de temps, toutefois je réalisais aussi des recherches thématiques, notamment pour monter des expositions.” Le point d’orgue de sa carrière restera cependant, à partir de 1995, sa participation à la création de l’actuel musée Bernard d’Agesci inauguré en 2006. “Il est rare dans la vie d’un conservateur de suivre la naissance d’un musée. Ce projet passionnant nous a donné l’occasion de prendre la mesure de la richesse de nos collections.” Au fil des recherches effectuées tout au long de sa carrière pour les besoins d’expositions ou de publications, Daniel Courant a accumulé une quantité impressionnante de documents qui lui servent aujourd’hui pour la rédaction de livres et d’articles et sont aussi autant de pistes qu’il continue de creuser. “Une découverte en amène une autre, c’est sans fin, reconnaît-il. Mais lorsque je tombe, comme récemment au château de Vincennes, sur une série de plans des XVIIe et XVIIIe siècles permettant de suivre la création de la Brèche, ça me rend fou !” Il travaille actuellement à la réédition de l’Histoire de Niort qu’il a dirigée en 2014, mais aussi à “une petite histoire”, plus synthétique. “Je passe mon temps derrière mon ordinateur. Ma bouffée d’oxygène, c’est d’aller aux Archives.” Son dernier ouvrage sur les Belles demeures de Niort remporte un vrai succès. “Montrer ce patrimoine privé, caché du public dans les habitations même, c’est témoigner de son existence, remarque-t-il. Et j’ai conscience que ce rôle de témoin et mes recherches m’inscrivent quelque part dans l’histoire de ma ville.”